TECHNIQUE CRAWL : 4 erreurs qui t’empechent de bien nager

Temps de lecture : 12mn

Tu veux améliorer ta technique crawl ?

Tu as du mal à t’y retrouver avec toutes ces informations contradictoires qui circulent.

Tu es au bon endroit car nous allons établir ensemble un top 4 des pires erreurs techniques en crawl qui sont les plus véhiculées sur internet ou au bord des bassins

  • La légende du mouvement des bras en crawl en forme de S (et l’avis de 2 nageuses de haut-niveau)
  • La position des mains et des doigts (preuve scientifique à l’appui)
  • L’entrée de la main dans l’eau – attention risque de blessure ici
  • ou encore la notion de glisse à tout prix…

Si tu veux améliorer ta technique crawl, cet article va grandement t’aider à y voir plus clair en brisant les mythes les plus populaires


TOP 3 DES PIRES erreurs en TECHNIQUE crawl (ÇA VA FAIRE MAL)

Tu es prêt ? C’est parti ! 


Juste avant cela, j’aimerais faire un point avec toi sur la technique crawl :

La technique crawl consiste à basculer d’une position costale à l’autre en utilisant son bras comme un levier afin de tirer puis pousser vers l’arrière. Les bras jouent le rôle de moteur principal et les jambes facilitent l’équilibre. D’où le rôle crucial du mouvement des bras dans la technique crawl.

ERREUR TECHNIQUE CRAWL #3 : Faire un « S » sous l’eau comme Mark Spitz.

Chercher avec ta main à effectuer un trajet sous-marin en forme de S est très tentant et particulièrement lorsque l’on observe les pros.

Certes, c’est ce que les images montrent, c’est ce que l’on observe, mais pourtant est-ce que le nageur cherche réellement à effectuer un trajet en forme de S ?

Ou est-ce simplement l’effet du roulis qui depuis notre position extérieure nous fait apparaître ce trajet comme une forme de S ?


Finalement, le S est-il simplement un effet d’optique ?

Cette habitude d’effectuer un S sur le trajet sous-marin date d’au moins 50 ans, de l’époque de Mark Spitz et de son entraîneur qui ont écrit un livre et publié plusieurs documents à ce propos en expliquant que le trajet en S sous l’eau était le plus efficace, qu’il permettait de changer différentes masses d’eau et donc d’obtenir plus de résistances sur lesquelles s’appuyer et se propulser plus efficacement.

technique crawl mark spitz
Technique Crawl de Mark Spitz

Le témoignage des nageurs de haut niveau concernant cette erreur technique crawl.

Pourtant en posant la question à différents nageurs de haut niveau (Lara Grangeon et Eva Bonnet), aucunes ne cherche à faire un S sous l’eau. Consciemment, aucun d’entre elles n’essayent d’appuyer en faisant des godilles et des zigzags pour attraper davantage d’eau.

Lara Grangeon et Eva Bonnet
Lara Grangeon et Eva Bonnet

2 inconvénients à faire un mouvement de S sous l’eau avec la main en crawl.

  • Le premier est relatif à l’orientation de tes appuis. En cherchant à faire un S, tu ne cherches plus à te propulser en permanence vers l’avant en appuyant vers l’arrière. En effet, le principe simple qui régit les lois physiques en crawl, c’est celui d’action-réaction. Pour avancer, il faut pousser vers l’arrière.
  • Le deuxième inconvénient, et qui est encore plus problématique à nos yeux, c’est celui de l’équilibre. En cherchant à faire des zigzags, tu vas pousser alternativement à gauche puis à droite et à chaque fois cela va entraîner des déséquilibres dans l’eau en réaction à ta poussée.

La difficulté que certains nageurs vont rencontrer s’ils ne nagent pas en ligne droite, c’est d’avoir les jambes qui vont zigzaguer de gauche à droite. On parle alors d’effet de lacet. Si tu dois retenir une chose de cette première bêtise, c’est que tu dois chercher à pousser et à avancer en ligne droite.

technique bras crawl sous l'eau
Le trajet du bras sous l’eau représenté ainsi induit souvent le nageur en erreur

ERREUR TECHNIQUE CRAWL #2 : « Ta main est comme une plaquette ou une rame. »

Maintenant la médaille d’argent de la pire connerie que l’on peut entendre au bord des bassins ou lire sur internet. Celle-ci, je te l’avoue, j’en ai été victime moi-même très longtemps et je l’ai entendue un nombre incalculable de fois.

Il faut garder ta main à plat ou en forme de rame comme la pale d’un kayak. Imagine, quelque chose qui doit être très ferme et très serré pour pousser un maximum d’eau.

Un coach sur Youtube
kayak
La pseudo technique crawl des mains en forme de pagaie

Pourtant, c’est une grosse bêtise et depuis que j’ai changé cela, j’ai gagné énormément en propulsion. L’ennui avec cette idée reçue, c’est qu’elle part d’un raisonnement logique.

Quand tu as les doigts bien serrés comme cela et la main bien ferme, cela te permet de ne pas laisser passer l’eau à travers tes doigts et d’appuyer plus fort, alors que si tu avais les doigts légèrement écartés et ta main relâchée et bien l’eau passerait à travers.

Un coach anonyme

Cela, c’est la logique de ce qui est visible, de ce qu’on peut voir.

Pourtant, la physique a démontré qu’en ayant les doigts légèrement écartés, on est capable d’attraper une plus grande masse d’eau. Voici ce que tu dois faire avec tes mains en crawl

position main crawl
Le bon écartement des doigts en technique crawl

ERREUR TECHNIQUE CRAWL #1: L’entrée de la main dans l’eau par le pouce ou par la tranche.

Ladies and gentlemen, the winner is : l’entrée de la main dans l’eau par le pouce ou par la tranche.

Honnêtement, nous avons beaucoup délibéré sur : « quelle était la pire bêtise ou le pire conseil que l’on pourrait te donner ? »

Mais, celui-ci ressort par rapport aux autres car en plus d’être inefficace, de s’appuyer sur des faits logiques mais un peu visuels comme nous l’avons vu juste avant, il entraîne des blessures importantes au niveau de l’épaule.

Car si tu entres la main dans l’eau par la tranche, cela entraîne des contraintes de rotation supplémentaire au niveau de l’épaule qui est l’articulation la plus fragile du corps en natation, mais également cela demande à ta main de devoir rebasculer à nouveau à plat pour pouvoir prendre ton appui.

Positionner Tes Mains En Crawl
La technique crawl de l’entrée de la main dans l’eau

C’est donc tout sauf une bonne idée!

La légende raconte même qu’il faut entrer la main par le pouce ou par la tranche pour éviter d’avoir des bulles sous la main au moment de ta prise d’appui. Certes, créer des bulles sous la main, c’est à éviter; mais comme tu peux le voir dans la démonstration par Camille (en vidéo), elle entre bien ses mains par le bout des doigts et il n’y a pas de bulles.

Cela dit, si on veut être parfaitement objectif et aller au bout des choses, ce défaut technique est commun à beaucoup de nageurs et même aux meilleurs et il n’empêche pas de nager vite.

Nous avons observer le style de retour aérien et d’entrée de la main dans l’eau très atypique de Yannick Agnel.

entrée-main-dans-leau-Agnel
Entrée de la main dans l’eau de Yannick Agnel

Tu peux observer qu’avec sa main au moment de son retour aérien, celle-ci est placée extrêmement vers l’extérieur bien qu’il entre par la suite la main avec le bout des doigts et la main bien à plat.

Alors, je ne crois pas que ce soit une technique crawl secrète, mais probablement une habitude qu’il a construite depuis ses débuts et qui ne le gêne pas pour nager…


Erreur Bonus : L’excès de glisse


Faut-il glisser à tout prix ?

Commençons par définir la notion de glisse en crawl :

La glisse est la phase où tu vas chercher à t’allonger devant et te grandir 

Elle présente 2 avantages majeurs :

  • Augmenter ton amplitude, c’est-à-dire qu’elle te permet de parcourir plus de distance à chaque coup de bras (en course à pied, ce serait un peu comme augmenter ta foulée).
  • Glisser apporte des sensations de plaisir incomparables, particulièrement en semi-rattrapé avec le bras devant, lorsque tu sens l’eau te porter et l’ensemble de ton corps glisser à travers l’élément liquide en accentuant l’effet du roulis en crawl.

D’où vient la croyance populaire concernant la glisse ?

Et aujourd’hui encore, la croyance populaire est la suivante : 

Glisser à chaque coup de bras permet de profiter de la vitesse 

Croyance populaire

Et très souvent, je peux lire des conseils sur le web qui disent : “tu ne glisses pas assez” ! Et c’est vrai qu’en observant Camille nager, on pourrait penser qu’il faut absolument glisser comme elle, car ça parait tellement facile (et après tout elle nage surement plus vite que ceux qui donnent ces conseils).

Crawl bien nage
La technique crawl de Camille est basée sur la glisse

Mais ce n’est pas juste une croyance populaire sortie de nulle part, puisque réduire le nombre de coup de bras par longueur est la stratégie numéro #1 des méthodes traditionnelles depuis de nombreuses années !

A haut-niveau, Franck Esposito ou Popov étaient réputés pour compter leur coups de bras à chaque longueur. Et il existe également plusieurs livres sur ce sujet.

A moins haut-niveau, on a même inventé des termes comme le SWOLF pour mettre en avant cette technique crawl tout en glisse.

Mais qu’en est-il de la performance aujourd’hui ? Y-a-t-il des championnats du monde du 50m en moins de coup de bras ?

Plus sérieusement, les nageurs de haut-niveau sont-ils toujours autant focalisés sur leur nombre de coups de bras ? Est-ce les mêmes stratégies en bassin, en eau libre et en triathlon ? Et en fonction de tes caractéristiques et de tes objectifs est-ce vraiment une priorité ?


Quand glisser devient un frein

Si on fait toujours référence aux nageurs des années 90, alors oui, l’amplitude était le facteur numéro 1 de la performance, mais en observant les nageurs de bassin actuels, on observe que l’amplitude n’est plus la seule priorité !

Aujourd’hui, ils cherchent davantage un compromis entre fréquence et amplitude leur permettant d’être les plus performants possibles.

Blandine Crawl Sprint
La technique crawl en sprint est bien différente d’une technique basée sur la glisse

Et chez les triathlètes, c’est encore plus marqué, la fréquence est beaucoup plus élevée et l’amplitude est loin d’être la priorité. Plusieurs raisons peuvent être avancées (et sont susceptibles de t’aider dans ta démarche) :

  • D’abord les conditions en eau libre et en bassin  sont très différentes. La présence des vagues et du courant ne permet pas d’avoir une grande amplitude à chaque coup de bras. Il faut donc nécessairement compenser avec une fréquence plus élevée
  • Ensuite, les qualités techniques en natation des triathlètes sont très variables… certains ont pratiqué de longues années la natation, d’autre beaucoup moins. 

Conséquence à haut niveau : ce retard technique est impossible à combler et lorsque la technique crawl ne permet pas d’avoir une grande amplitude, la fréquence de bras permet de compenser partiellement cet écart

Technique Crawl Triathlon
La technique crawl propre au triathlon et à l’eau libre

Et à moins haut niveau on doit choisir quoi ?

Et pour toi qui me lit ça, donne quoi ? En fonction de tes caractéristiques et de tes objectifs est-ce vraiment une priorité ?

C’est l’heure d’une étude de cas d’un Nageur 2.0 qui a un bon SWOLF et une ÉNORME marge de progression !

Et si jamais tu aimerais aussi être pris en exemple ou simplement discuter avec les autres Nageurs 2.0 pense à rejoindre la communauté des Nageurs 2.0 sur Facebook.


Un exemple concret d’un temps de glisse trop marqué

Notre Nageur en exemple nage 1’30/100m sur 5km, il a même un bon passé de nageur. Il nage beaucoup, presque tous les jours, soit plus de 60km le dernier mois avant de nous contacter.

Et on le voit clairement dans cet exemple vidéo ci dessous : Olivier marque un temps de glisse.

Technique Crawl Olivier
Analyse de la technique crawl d’Olivier, Nageur 2.0

Certes, son amplitude est maximisée et cherche à aller très loin devant, mais ce temps de glisse est aussi un temps mort dans sa propulsion, puisque seuls ses battements le propulsent à ce moment précis.

Pour performer glisser peut être contre-productif, car un temps de glisse est un temps de décélération.

TIPS : Si tu n’as pas de bons battements, cette technique de nage en semi-rattrapé pourrait te poser beaucoup de problèmes dans ta progression !

La solution ici, pour notre Nageur 2.0 est de purement et simplement supprimer ce temps de glisse devant.

Les conséquences vont être double pour lui :

  • sa fréquence de bras va augmenter et donc il va nager plus vite 
  • sa vitesse va être plus constante, car ce temps de décélération va disparaître

Bref, pour passer un cap, même à 1’30/100m, c’est encore la technique sur laquelle on peut se focaliser, plutôt que le développement des qualités métaboliques.


Conclusion

La GLISSE en crawl n’est pas toujours l’ami qui te veut du bien…

Car la glisse peut être une quête vers laquelle tendre lorsqu’on recherche le plaisir de nager, mais un frein à ta progression si tu cherches à performer en triathlon ou en eau libre.

Si tu veux nager très vite, alors réserve donc plutôt le temps de glisse à la pratique de la brasse, sur un 200m par exemple, c’est un des éléments les plus importants !